« Ce n’est pas comme ça qu’il faut le tenir Mer’ ! Combien de fois je vais devoir te le dire », on jouait simplement au policier et au voleur avec mes frères mais papa est passé par là et devait y mettre son grain de sel. D’abord dans l’armée puis agent fédéral, il aimait que les choses soient faites correctement, en gros il était perfectionniste et maniaque, le combo parfait. A chaque fois qu’on jouait au policier ou au soldat et que papa était dans le coin, on avait le droit à des remarques comme quoi on tenait mal notre pistolet, on n’était pas dans la bonne position ou il ne fallait pas adopter cette tactique. A part cela, il était adorable et protecteur envers nous. Quant à maman, elle nous laissait un peu plus faire et préférait qu’on la laisse tranquille pour bosser. Elle travaillait en chirurgie pédiatrique et avait beaucoup de boulot. Mais ça n’empêchait pas qu’elle s’occupait de nous autant qu’elle pouvait, je ne peux pas dire que j’ai eu une enfance malheureuse, mes parents se sont toujours occupés pour que j’ai le meilleur ainsi que pour mes frères.

Un jour, maman est rentrée du boulot en pleurs, on s’est précipité vers elle pour lui demander ce qui n’allait pas. « On a une justice de merde ! Je hais ce putain de pays », puis elle est repartie dans ses pleurs. On a su plus tard pourquoi elle était dans cet état, un enfant d’une personne sans papier avait besoin d’une opération au plus vite mais l’hôpital et les lois lui interdisaient de faire cette opération. Elle avait tout essayé mais rien ne lui a donné raison. C’est à partir de ce moment là que j’ai décidé de travailler dans la justice. Je voulais devenir, avocate ou juge, enfin faire carrière dans le droit pour faire un monde plus droit, autant dire qu'à l'époque j'avais une vision utopique du futur. Mais quelques années plus tard, j'ai dû aller au travail de papa pour une raison que je ne me rappelle plus et là j'ai eu le déclic, je ne voulais plus être avocate mais agent fédéral. Réticent, mes parents ont d'abord refusé car ce n'était pas un métier pour une femme, j'avais beau leur dire n'importe quoi, la réponse était toujours la même. C'est donc sans les avertir que j'ai passé le concours, personne n'était au courant à part mon frère cadet qui m'a conduit jusqu'au lieu des épreuves. Quelques semaines plus tard, la fameuse lettre est arrivée, je ne sais pas si mon nom a joué mais j'ai été accepté. Je l'ai dit à mes parents seulement trois semaines avant la rentrée, ça a crée pas mal de disputes mais ils ont fini par accepter. J'avais intérêt à ne pas décevoir papa, certains de mes instructeurs étaient ses collègues ou anciens co-équipier et il avait une certaine réputation d'homme fort et faisant n'importe quelle tâche à tenir. Avec cette pression sur les épaules, je pensais échouer lamentablement mais non, je brillais surtout dans le tir et l'investigation. Tout compte fait, les remarques qu'on avait le droit petit ont porté leurs fruits. C'est ainsi que quelques années plus tard, je me tenais sur l'estrade avec mon uniforme pour recevoir mon diplôme.

"Sois gentille Meredith et va faire du café pour tout le monde", voilà à quoi je suis réduite, à faire du café pour tout le monde. On me confiait les tâches dite propre aux femmes, faire le café, rassurer les personnes ou encore des photocopies. Puis, le big boss a déboulé avec ses partenaires dont papa pour nous faire part d'une mission. Infiltrer les Sons of Anarchy pour les détruire une bonne fois pour toute. Une occasion rêvée de me faire remarquer et de rendre fier mon paternel, j'étais plutôt rodée sur le sujet. Il les avait en horreur, enfin un peu près tous les groupes de bikers et s'était donné comme mission d'en dissoudre le plus possible et nous avait éduqué sur ce principe. Me voilà maintenant dans cette petite maison de Lonwood à réfléchir sur une approche, être intégré comme membre ? non, ce n'est que pour les hommes. Essayer de devenir une régulière ? Parfait. Feuilletant les dossiers de chacun, je suis tombée sur celui de Noah, le regardant plus en détail, je le choisis comme cible, malgré cet air dur et froid doit se cacher une personne sensible, une proie assez facile. Je l'ai suivi pendant quelques jours pour en apprendre plus sur lui et savoir comment l'aborder, j'utiliserais ensuite les dons que la nature m'a offert pour collecter tous les renseignements dont j'avais besoin.

Je suis chez moi, en train de fumer une cigarette et faire un câlin à Tyson, le chien de Noah. Je m'occupe de lui pendant que son maître est en prison. Comment j'en suis arrivée là ? Je me suis bien trop attachée à lui et c'est de ma faute s'il est enfermé. Même si je ressentais quelque chose pour Noah, j'avais toujours cette mission à faire et il m'avait parlé d'un raid avec les Sons ; j'en ai averti mes supérieurs pour mettre en place un plan mais tout ne s'est pas prévu comme je le pensais. Quelqu'un a été tué et Noah a été incarcéré pour protéger les siens. Grâce à mes connaissances et mon nom, j'ai pu faire réduire sa peine de quinze ans à deux ans, j'ai dû batailler mais j'y suis quand même arrivée. Une fois par semaine, je lui rendais visite, pour lui donner des nouvelles de son chien et du reste. A chaque fois, je devais me retenir de verser une larme, merde moi qui pleurait quasiment jamais, je pleure dès que je le vois. Il ne sait pas que c'est moi qui ai réduit sa peine, je m'en voulais terriblement de l'avoir mis là, je regrettais cette mission. Maintenant, ça fait quelques jours qu'il est sorti, on va devoir se croiser pour que je lui rende Tyson. J'étais contente de le savoir libre mais en même temps j'appréhendais cette rencontre, s'il était fou de rage contre moi sachant qui je suis vraiment et qu'il ne pardonnerait jamais.